La valse des taux immobiliers prend une tournure imprévue. Après des mois de baisse qui avaient redonné espoir aux acheteurs, les banques sortent leurs nouvelles grilles d’avril avec quelques hausses à la clé. Un changement qui brouille les cartes pour ceux qui attendaient le moment parfait.
Les chiffres sont éloquents : les taux moyens sont passés de 3,95% en mars 2023 à 3,03% actuellement pour des profils équivalents. Les analystes misaient sur une poursuite de cette tendance vers 2,6-2,8% d’ici la fin d’année, en phase avec les projections de l’Observatoire Crédit Logement. Mais ce mois d’avril réserve des surprises avec des remontées de 0,1 à 0,2 point chez plusieurs banques.
Trump secoue les marchés financiers mondiaux
Le climat politique international pèse lourdement dans cette équation. La dissolution de l’Assemblée française, les législatives qui ont suivi, la motion de censure, sans oublier le retour aux affaires de Donald Trump, créent des secousses sur les marchés. Sa politique commerciale agressive a fait dégringoler le S&P 500 de 8% en un seul mois, provoquant des ondes de choc sur toutes les places financières.
Pour Lionel Fontagné, économiste à l’École d’Économie de Paris, c’est une stratégie calculée : Trump accepte un coût immédiat pour contraindre les entreprises à relocaliser leurs activités aux États-Unis. Une approche qui se répercute concrètement sur notre marché immobilier.
Les établissements bancaires ajustent leurs positions
Cette remontée des taux ne marque pas un renversement durable, mais plutôt un réglage tactique des banques face à l’augmentation de l’OAT 10 ans, baromètre de la santé économique française. Les spécialistes restent sereins : pas d’affolement à prévoir, sauf si les coups d’éclat de Trump s’intensifient. Les organismes prêteurs maintiennent leur volonté de distribuer du crédit, malgré ces soubresauts.
Le paysage immobilier pourrait connaître d’autres mutations dans les trimestres à venir. L’instabilité du Moyen-Orient, combinée aux décisions des banques centrales, risque de remodeler plus profondément l’écosystème du crédit immobilier. Les économies émergentes, notamment l’Inde et le Brésil, pourraient également peser davantage dans cette équation complexe, leurs politiques monétaires influençant de plus en plus les flux financiers internationaux. Les acquéreurs français se retrouvent ainsi indirectement connectés à des décisions prises à l’autre bout du monde, dans un marché plus globalisé que jamais.